Près de trois ans après son précédent album, Cécile Doo-Kingue a repris le studio et délaissé quelque peu la scène pour son troisième album, Anybody Listening, Part 1: Monologues, aussi engagé que les autres et même plus blues.
Dans la même semaine qu’elle a lancé son opus, Cécile a confié en entrevue que son bébé ne lui appartenait déjà plus. Et pour cause, le public ainsi que les critiques vont se l’approprier. Déjà dans cette deuxième catégorie, les retours sont bons.
«Ça me fait chaud au cœur », dit-elle à l’autre bout du combiné à l’heure ou normalement la planète est à table. Elle est de cette école de pensée selon laquelle un artiste se lance dans tout processus de création dans l’optique que son art soit partagé et apprécié par d’autres.
« Je profite de cette liberté pour exprimer ce que j’ai sur le coeur «
« J’aime savoir qu’il y a de l’écoute », dit la guitariste, mentionnant au passage que « ça fait plaisir évidemment », d’autant que dans un sens, ça permet de valider un peu le dur labeur effectué, surtout quand on est indépendante.
Cette indépendance, Cécile l’apprécie beaucoup. Dans l’industrie, « il y a de la place pour ceux qui font la musique pour l’art, le contexte social et qui le font de façon indépendante », souligne l’auteure-compositrice-interprète, native de New York.
« Je n’ai pas besoin de m’inquiéter de la censure de qui que ce soit. Je profite de cette liberté pour exprimer ce que j’ai sur le coeur ».
Et Cécile Doo-Kingue en a des choses sur le coeur. Et ce n’est pas les centaines de spectacles qu’elle a dans le corps depuis cinq ans qui vont la faire changer de stratégie.
L’engagement est au coeur du projet artistique de Cécile. Dans ses albums, comme sur scène, elle espère « ouvrir une discussion sur ce qui se passe à notre époque ».
L’idée, estime-t-elle, est de « transformer cette colère en conversation positive » et la scène s’assimile plus à un « espace pour discuter et prendre conscience ensemble, le tout dans le plaisir et le bien-être collectif ».
« Tout le monde fait sa part »
Elle l’a bien comprise avec les sujets abordés dans son nouvel opus. Homophobie, racisme, pour ne citer que ces mots-là, bref Cécile s’insurge contre toutes les formes d’injustice (Third World Child, Six Letters, Bloodstained Vodka).
Elle utilise donc son art au service du combat contre l’ignorance. C’était le cas dans les deux premiers albums. C’est le cas avec ce nouvel album et il sera de même, l’automne prochain, lorsque Doo-Kingue lancera la deuxième partie de son projet.
Quelle est la différence entre ce troisième et les deux premiers ? Il est sans contredit définitivement plus blues que les autres.
« J’avais le goût de faire un album de blues acoustique traditionnel », confie l’artiste.
Pourquoi ce style particulièrement au lieu d’un autre ? Pour la Camerounaise d’origine, le blues a un aspect de chronique des temps modernes ainsi que de contestation qui lui sied parfaitement.
L’expérience glanée au cours des dernières années l’a rendu meilleur sur scène comme en écriture. Elle assure avoir mûri dans son jeu, évolué dans sa voix, ce qui lui a permis d’avoir une meilleure façon d’interagir notamment avec son public.
« Il y a eu une des progrès et une évolution », mentionne-t-elle. Lorsqu’on lui demande un exemple concret, elle y va d’une réponse audacieuse : « Je ne parle plus de vibrateur sur scène »!