«Bibish de Kinshasa» : le Congo raconté aux Montréalais

La journaliste Marie-Louise Bibish Mumbu a déjà parlé de son pays d’origine dans un livre sorti un peu plus tôt cette année, «Samantha de Kinshasa», ville qu’elle a quittée en 2010 pour rejoindre ensuite Montréal. La voilà qui récidive, avec une adaptation théâtrale de son texte, «Bibish de Kinshasa», présentée à Espace libre jusqu’au 24 octobre.

Bibish-cuisine M-L et Philippe photo David OspinaComme dans le livre, l’action débute dans l’avion qui emmène Bibish (jouée par la Congolaise d’origine Gisèle Kayembe) loin de Kinshasa, vers Paris. Elle boit – beaucoup – et se souvient, déjà avec nostalgie, de cette vie mouvementée dans la mégapole congolaise de quelque 10 millions d’habitants.

Grâce au récit de Bibish, les spectateurs croisent de nombreux habitants hauts en couleur, de la jeune prostituée fière malgré tout d’arriver à gagner de l’argent à l’enfant-soldat quittant le temps de quelques minutes sa mitraillette pour jouer avec un vélo, du policier buté chargé de faire respecter le couvre-feu au professeur de français obligé d’être chauffeur de bus pour nourrir sa famille.

La tendresse de l’auteure pour sa ville et ses résidents qui vivent selon «l’article 15» (le principe de la débrouille) se ressent à chaque instant, malgré l’évocation de la dictature de Mobutu puis de l’arrivée par la force de Laurent-Désiré Kabila.

Le tour de force de «Bibish de Kinshasa» reste de ne pas être seulement une pièce de théâtre. En plus du récit tiré de son livre, Marie-Louise Mumbu monte elle aussi sur scène, au côté du metteur en scène Philippe Ducros.Bibish-Gisèle photo David Ospina

Assis à un îlot, ils «interrompent» la pièce pour discuter à bâtons rompus des thèmes abordés, à commencer par la situation politique difficile, les millions de morts causés par les violences dans l’est du pays et l’exploitation des mines dont profitent les multinationales sur le dos des habitants. Outre cet échange, les deux compères font … la cuisine (congolaise, évidemment) et les spectateurs peuvent goûter les plats à la fin de la représentation.

De l’autre côté de la scène, se trouve… le bar où un autre artiste congolais résidant au Québec. Papy Maurice Mbwiti sert les spectateurs tout en intervenant au cours de la pièce.

La polyphonie artistique peut dérouter, mais au final, cette idée originale et vivante permet d’atteindre parfaitement son but : faire connaître le Congo, dont Marie-Louise Bibish Mumbu est une belle représentante.

Crédit photo : David Ospina

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