Dans son dernier roman Masi, publié chez Mémoire d’Encrier, le journaliste et auteur haïtien Gary Victor s’intéresse aux arcanes du pouvoir dans son pays. Le portrait qu’il en dresse est loin d’être flatteur: mensonges, corruption, hypocrisie, décadence, luxure… Un petit plaisir coupable dont la lecture est totalement jouissive.
Masi, c’est avant tout l’histoire de Dieuseul Lapénuri, un petit fonctionnaire sans grande ambition qui a réussi à avoir un emploi au ministère des Finances grâce à un ami du collège. Haï par un père violent qui l’a toujours considéré comme étant l’incarnation même de la médiocrité, Dieuseul, aidé par quelques relations de sa femme, a l’occasion d’accéder à un poste haut placé: celui de ministre aux Valeurs morales et citoyennes. Un nouveau portefeuille que le président de la République avait promis de créer durant sa campagne.
Mais pour accéder à ce prestigieux poste, Dieuseul Lapénuri devra faire quelque chose qui vient à l’encontre de ses croyances et de ses principes: une fellation au président. Les prouesses de «flûtiste» de Dieuseul Lapénuri sont telles qu’il devient instantanément le nouveau chouchou de ce président de la République paresseux accro au sexe. Mais beaucoup de proches de l’homme le plus puissant du pays verront cet intérêt soudain d’un très mauvais oeil…
Mais Masi n’est pas qu’une grosse farce. C’est également une critique acerbe du pouvoir haïtien et de ses représentants. Des représentants qui ont tout fait pour interdire la tenue du premier festival LGBTQ du pays pour ne pas «corrompre» les moeurs de la population haïtienne, mais qui n’hésitent pas à avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes. Vous avez dit hypocrisie?
Les personnages sont fictifs, mais la critique, elle, est bien réelle.
Masi de Gary Victor, aux Éditions Mémoire d’Encrier, 184 pages.