« Les petits de Décembre » de Kaouther Adimi, chez Seuil

Après le succès de son précédent roman Nos richesses, l’auteure Kaouther Adimi a sorti à la rentrée littéraire Les petits Décembres qui donne en quelque sorte le pouls sur l’exaspération qui prévaut en Algérie.

Dans ce livre de 256 pages publié aux éditions Seuil, Kaouther Adimi raconte l’histoire de la cité dite du 11-Décembre, situé dans une petite commune, Dely Brahim, à l’ouest d’Alger.

Il y a un terrain vague, situé en plein milieu d’un lotissement de maisons habitées par des militaires et anciens officiers. Les jeunes et plus jeunes du quartier s’y retrouvent pour s’adonner à quelques uns des rares plaisirs qui restent dans cet état totalement militaire. C’est le cas d’Inès, Jamyl et Mahdi.

Tout va rondement bien jusqu’à ce que deux généraux ayant des liens étroits dans toutes les sphères du pouvoir se pointent un jour dans le terrain avec des plans de construction de leurs futures villas.

La vie paisible du secteur va dès lors complètement changer parce que personne ne veut perdre ce bout d’espoir et de rêve. C’est le début de la résistance parce que la peur d’hier se transforme maintenant en courage: David se dit alors qu’il peut au moins affronter Goliath et, qui sait, peut-être le battre.

Outre les trois résistants ci-haut cités, il y a la folle en rouge vivant au château d’eau qui est du côté de leur côté, tout comme la moudjahida Alida, grand-mère d’Ines, mais surtout héroïne de la guerre d’indépendance qui a perdu son fils pendant la décennie noire, cette guerre civile algérienne qui a opposé le régime algérien et son Armée nationale populaire à plusieurs groupes islamistes à partir de 1991.

En réalité dans ce livre, force est d’admettre que l’auteure décrit avec justesse la tension palpable entre la population, surtout les plus jeunes qui n’ont pas connus les guerres, et les bonzes du pouvoir.

Aux lecteurs, surtout ceux qui ne sont pas familiers aux us et coutume de ce genre de régimes qui pullulent particulièrement en Afrique, Kaouther Adimi leur décrypte une société ou corruption et abus de pouvoir sont légions, o;u la justice n’a de sens que dans le nom et le mot citoyen aucun sens.

– Si on intervenait pour embarquer des mômes et une vieille dame qui a subi la torture des Français, qui a œuvré à l’indépendance du pays, les gens viendraient eux-mêmes arracher les portes des prisons pour les libérer. Et ils nous mettraient vous et moi dedans à leur place.
– Je n’y crois pas. Les Algériens font ce qu’on leur dit de faire et ils ne sortent plus dans la rue depuis bien longtemps. Ils ne s’intéressent qu’au cours de l’euro et à leurs réseaux sociaux. Laissez-leur Internet, ça suffira à les occuper.

Extrait d’une discussion entre le patron de la sécurité et un des généraux

Il n y a pas que de çà dans cet ouvrage puisque l’auteure parvient aussi avec justesse à parler aussi du rôle évolutif (pas forcément dans le bon sens) des femmes, de l’humour qui caractérise ce type de société et la résilience de ceux qui n’ont plus rien à perdre ou parfois, qui ont tout à perdre.

Après avoir été récompensé du Prix Renaudot des lycéens, en 2017, pour son précédent roman Nos richesses, Kaouther Adimi s’est aussi retrouvé dans la première sélection du Renaudot, en septembre dernier.

On lui doit des nouvelles, lauréats du prix du jeune écrivain francophone de Muret (en 2006 et en 2008) et du prix du FELIV (Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d’Alger), ainsi que deux roman, L’Envers des autres ( Barzakh et Actes Sud, prix de la Vocation 2011) et Des pierres dans ma poche.

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