Après deux épisodes, l’auteur Fabien Toulmé revient, toujours chez Delcourt, avec la suite de sa touchante histoire L’odyssée d’Hakim, qui suit les péripéties du héros de cette BD à travers son essoufflant parcours de migrants et réfugiés.
Après son départ de la Syrie vers la Turquie (tome 1), puis de la Turquie à Grèce (tome 2), l’auteur raconte maintenant la périlleuse aventure de Hakim et son fils de la Macédoine à la France, en passant par la Serbie, la Hongrie, l’Autriche et la Suisse.
Avant de rejoindre puis de s’installer, non sans difficulté, dans le Sud de la France, Hakim a dû faire encore preuve de courage, de solidarité, le tout en s’armant d’une envie de réussir inébranlable.
Rappellons que Hakim a dû partir de son pays qu’il aimait tant et où il pratiquait son métier d’horticulteur en raison de la guerre civile.
Après la traversée de la mer qui n’a pas été évidente, il arrive sur le continent européen et là, c’est la découverte de la peur de l’autre. D’un côté, la police qui joue le jeu d’élus farouchement opposés au flux migratoire, des citoyens devenus xénophobes un peu, parce qu’oubliés dans cette équation et de l’autre, tant d’autres personnes qui tentent de faire une différence dans un monde compliqué.
Ainsi, le long voyage n’aurait jamais pu être réussi dans l’aide de ces quidams: chauffeurs de taxi, vendeur algérien, ou cet Ivoirien installé en Hongrie. Hakim et son fils, ainsi que sa belle-famille, auraient pu rejoindre les statistiques de tous ces gens qui n’arriveront jamais à destination et qui n’auront même, parfois, pas de sépulture.
Hakim et ses compagnons de voyage ont eu la chance. Tout comme Fabien Toulmé qui est tombé sur cette histoire bouleversante et ahurissante de résilience.
Les 280 pages de l’ouvrage clos cette trilogie. Elle aura sans aucun doute permis à un bon nombre de curieux de s’informer et de mieux comprendre toute cette question de migrant/réfugié. Surtout, elle met des visages à un phénomène qu’on rend souvent inhumain, dématérialisé.
« Je voudrais que [le lecteur] s’intéresse à l’autre, pas forcément à Hakim ou même à un réfugié, explique d’ailleurs l’auteur. Mais qu’il ait déjà envie de discuter avec son voisin, ce serait bien. Quand on connaît quelqu’un, c’est quand même plus facile de le comprendre et de bien s’entendre. Ce que je dis est peut-être un peu bateau, mais la méconnaissance génère souvent des malentendus, de la peur, de la colère… »