« La bombe », puissante BD d’Alcante, Bollée et Denis Rodier

Finaliste du 6e Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise, La Bombe (Glenat) est un album franchement époustouflant en noir et blanc d’Alcante, Bollée et Denis Rodier qui raconte en quelque sorte la biographie de la bombe atomique.

De sa découverte à son ultime et morbide baptême de feu, ce roman graphique raconte (presque) tout sur la bombe A aussi appelée bombe atomique, bombe à fission ou simplement bombe nucléaire.

Si on voulait vulgariser le concept, c’est un l’énergie qui résulte de la fission d’un noyau atomique lourd comme l’uranium 235 ou le plutonium 239.

Tout au long des 472 pages de l’ouvrage, le lecteur reste scotché aux bulles. Il est vrai que le début est lent à partir, mais une fois qu’on a pris le rythme, il n’y a presque plus moyen de se retenir avant la dernière page (saluons les explications à la fin de l’ouvrage).

À la fin, curieux et public averti en sauront définitivement plus sur cette expérience bouleversante et traumatisante ayant culminé sur la tragédie d’Hiroshima et Nagasaki qui a marqué les esprits pour le reste de l’éternité.

Un peu comme un documentaire, les auteurs prennent le temps d’expliquer les tenants et les aboutissants de ce projet. On découvre les principaux protagonistes, comme tous ses scientifiques (Albert Einstein, J. Robert Oppenheimer, Enrico Fermi, ou Leo Szilard) qui ont rêvé de changer ou, disons de découvrir le potentiel de l’Uranium.

Puis, on constate au fil des pages comment la recherche scientifique de la vérité s’est transformée en soif de pouvoir pour certains, au détriment de ce qu’on appelle humanité.

Entre autres, la triste histoire d’Ebb Cade, cet ouvrier afro-américain auquel on injecta à son insu du plutonium pour en étudier l’effet sur la santé choquera assurément plus d’un. Soulignons aussi le cas du général Leslie Groves, l’homme fort qui a dirigé « d’une main de fer » le Projet Manhattan, du nom de ce groupe de militaires et scientifiques qui ont travaillé à mettre en place le programme nucléaire américain.

On apprend aussi que la majorité des pays importants de l’époque étaient engagés dans une course effrénée à l’armement. Les Allemands, les Anglais, les Japonais ou les Russes ont tout essayé pour être les premiers à jouer avec ce produit dangereux. Malheureusement pour les Américains, ils ont été les premiers.

Si ce roman graphique est aussi bon, c’est en partie grâce aux dessins de l’illustrateur et auteur de bande dessinée Denis Rodier qui caractérise très bien le contexte historique et même tous les acteurs clés de l’histoire, et ce, sans jamais représenter le personnage central, Uranium.

Soulignons évidemment la contribution des auteurs Laurent-Frédéric Bollée, AKA LFB, et d’Alcante, de son vrai nom Didier Swysen, ce scénariste belge de bande dessinée.

Cette « incroyable histoire vraie de l’arme la plus effroyable jamais créée » est publiée cette année alors que la communauté internationale souligne son 75e anniversaire. Rappelons que c’est le 6 août 1945 que la bombe atomique, baptisée Little Boy» a ravagé Hiroshima.

« Des dizaines de milliers de personnes sont instantanément pulvérisées. »

Comme parfois, tout part de l’Afrique, mais certains lecteurs ne sont qu’attristés du peu de place qu’a le sacrifice par exemple des Congolais qui possèdent la principale matière première dans les mines du Kataganga.

D’autres auraient voulu peut-être que l’on s’attarde sur la contribution du Canada, et notamment de Montréal au projet Manhattan.

N’empêche, difficile d’être déçu à la lecture de ce travail impeccable et même nécessaire.

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