La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr

Acclamé avec raison par le public et la critique aussi bien sur le continent noir qu’en occident, La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr est un puissant roman publié chez la maison d’édition Philippe Rey.

Jusqu’ici, ce roman de 448 pages ne fait qu’accumuler les prix: en plus du prix Goncourt 2021,il a aussi été sacré prix Transfuge du meilleur roman de langue française 2021, prix Hennessy du livre 2021, et mention spéciale du Jury au prix Fetkann Maryse Condé.

Quatrième ouvrage de l’écrivain sénégalaisMohamed Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes raconte les aventures d’un jeune-auteur de la Teranga, Diégane Latyr Faye, qui se lance à la recherche d’un auteur de son pays qui a tout connu, de la gloire d’un jeune auteur talentueux à la déchéance.

Ce dernier, qui s’est donné le nom de TC. Elimane, a publié en 1938 l’ouvrage Le labyrinthe de l’inhumain qui lui a valu le sobriquet de « Rimbaud nègre » parce que d’abord encensé par la critique avant d’être descendu puis retiré de toutes les librairies, bibliothèque et archives.

Ce qui est le plus étrange dans l’histoire de TC Elimane, c’est qu’il s’est fait très avare de commentaires et n’a jamais vraiment donné d’entrevues pour expliquer ou justifier ses choix.

C’est ce qui va pousser Diégane à se lancer à la quête du moindre indice sur cet homme qui a laissé des traces à Dakar, Paris et même Buenos Aires.

Pour son investigation, Faye recevra le coup de pouce, hasard aidant, d’une autrice sénégalaise et accessoirement amante, Siga D., qui s’est retrouvée malgré elle liée au sort d’Elimane.

Dans son chef d’œuvre, l’auteur Mohamed Mbougar Sarr aborde les questions de la tradition et la modernité, l’amitié et l’amour, la vengeance et la jalousie, l’art et le réel, l’humanité et l’inhumanité, le colonialisme et même…la shoah!

De l’aveu du principal intéressé, l’histoire de TC Elimane s’insipire de celle de l’auteur malien Yambo Ouologuem, dont le premier roman, Le Devoir de violence, (paru en 1968) a obtenu le prix Renaudot avant d’être accusé de plagiat.

On aurait envie d’en dire tellement plus sur l’ouvrage de Sarr, mais il vaut mieux se fier à ce mot, «rien», issu de cette phrase (page 50) de son livre:

« Je vais te donner un conseil: n’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou si tu le fais, voici la seule réponse possible: rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. Ne tombe plus jamais dans le piège de vouloir dire de quoi parle un livre dont tu sens qu’il est grand.»

Avant ce quatrième roman, Mohamed Mbougar Sarr a publié chez Présence Africaine Terre ceinte (2015, prix Ahmadou-Kourouma et Grand Prix du roman métis) et Silence du chœur (2017, prix littérature-Monde) ainsi que chez Philippe Rey Des purs hommes (2018). Il est né en 1990 au Sénégal et vit maintenant en France.

Le concert de louange que lui a valu la sortie et surtout le couronnement de son livre a aussi été accompagné d’une vague de critiques dans son pays en raison de ce que plusieurs ont considéré comme des prises de positions sociétales.

Soit il faut lire les propos de l’auteur sénégalais Felwine Sarr, qui dénoncent «ceux qui ferment les yeux sur la maltraitance des enfants, sur les violences conjugales et qui se piquent quand quelqu’un ose affirmer l’inaltérable dignité des humains», soit il faut se référer à la page 22 du roman La plus secrète mémoire des hommes :

«Il est bien connu que ce sont les compatriotes qui vous oublient toujours les premiers.»

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