Publiée aux éditions Philippe Rey, La vie secrète des bigotes de l’auteure américaine Deesha Philyaw est une plongée dans les envies et fantasmes des femmes, particulièrement afro-américaines qui n’assument pas toujours leurs désirs, mais proclament néanmoins haut et fort leur liberté de faire ce qu’elles veulent de leur corps.
Dans ce recueil, l’Américaine a réuni quatre nouvelles qui abordent le sujet sensible sinon tabou de ce que certaines femmes veulent dans l’intimité. Il est donc question de plaisir charnel, d’adultères, de relation d’un soir avec d’autres femmes avec des plus vieux comme des plus jeunes.
C’est le cas par exemple de Caroletta qui au fil des ans et des soirées seules a fini par se retrouver dans une drôle de relation plus que charnelle avec sa meilleure amie. Il y a aussi le cas de la mère d’Olivia qui accueille tous les lundis le pasteur du coin dans sa couche, loin des sermons de son prêche de la veille.
Ce recueil de nouvelles écrit par l’auteure et conférencière américaine native de Jacksonville, en Floride, a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Florence Lévy-Paoloni.
Si les textes n’ont pas tous la même force et le même plaisir de lecture, il n’en demeure pas moins qu’ils frappent tous par leur envie de déconstruire l’idée que la question du fantasme ne s’applique qu’aux hommes et que les femmes n’y ont pas forcément droit, surtout quand elles sont Afro-américaines.
Il faut aussi souligner l’envie de l’auteure d’y aller avec une pointe d’humour dans sa manière de raconter ses histoires.
En outre, Deesha Philyaw en profite pour toucher d’autres sujets tout aussi sensibles dans cet ouvrage de 160 pages. Citons des questions comme le racisme, la tradition/coutume, la pression des pairs et de la famille, etc.
Avec ce premier ouvrage, elle a d’ailleurs récompensé en 2021 du Pen/Faulkner Award, du Story Prize et du Los Angeles Times Book Prize, Art Seidenbaum Award.
