Cirque du Soleil: ce Guyanais joue à l’équilibriste dans « Écho »

Antino Tisson Pansa en a fait du chemin depuis Saint-Laurent du Maroni (Guyane), d’où il est originaire. À 23 ans, c’est l’équilibriste sur fil mou du spectacle Écho proposé par le Cirque du Soleil. On est allé à la 100e représentation de ce spectacle qui sera proposé dans plusieurs autres villes dès la fin du mois d’août.

Antino Tisson Pansa est équilibriste professionnel. Son fil est mou, à l’inverse du fil des funambules qui est tendu entre des immeubles ou des montagnes. Lui, son créneau se trouve entre deux poteaux ou sur un mur. Le jeune homme surprend le public avec sa maîtrise précise de l’équilibre. Défiant parfois la gravité, il parvient parfaitement à recréer une harmonie entre le fil mou et le poids de son corps.

Le jeune Guyanais a vécu quatre ans à Montréal pour se former à l’École nationale de Cirque. Quatre années pendant lesquelles il a appris le cirque, la danse ou le théâtre et pendant lesquelles il en a profité pour parfaire un art transmis par son père. «Chez nous [chez les Saramaka, peuple de Guyane], le fil mou, c’est comme un peu jouer au soccer. C’est une activité normale.»

Aussi normale soit-elle, son passe-temps est devenu son métier grâce à un travail assidu surenchéri par des rencontres fortuites, entre la Guyane, la France et le Québec. Un exemple clé est sans doute celui d’un spectacle improvisé pendant la pandémie dans la cour arrière d’une certaine Valérie qui l’avait contacté.

C’est lors de ce spectacle qu’il a rencontré un photographe qui lui a dégoté l’un de ses premiers contrats. Et que dire lorsqu’on apprend qu’il avait offert son spectacle à peu de frais lui permettant finalement de récolter bien plus que de l’argent. 

Un vieux fil électrique entre deux cocotiers

«La toute première fois, mon père a trouvé une vieille corde électrique et l’a attaché à deux cocotiers. Il m’a donné un bâton et m’a dit de me pratiquer, de tenir en équilibre», raconte Antino. Et, c’est ce qu’il a fait, jusqu’à que le fil casse.

Le jeune homme se souvient encore des cris de sa mère un peu effrayée, ne comprenant pas son envie de continuer vers cette pratique. «Et j’ai décidé que c’était ce que je voulais faire. J’ai décidé de quitter la Guyane et d’aller voir s’il y avait du niveau ailleurs, un peu à l’aveuglette». C’est dans l’Hexagone qu’il a d’ailleurs réalisé que l’équilibre sur fil mou pouvait devenir son véritable métier.

L’équilibriste a son propre style qui s’affirme tout au long d’Écho. Masqué, jouant le rôle du lion, il partage l’espace avec un autre acrobate qui a lui aussi son propre style et sa propre technique.

«On peut avoir la même technique de base, mais on ramène notre propre façon de faire du fil mou et c’est cela qui nous façonne comme artiste.» Chose certaine, l’entraînement quotidien qu’il soit composé de tractions, gainage ou musculation, ainsi qu’une discipline de vie équilibrée sont un combo gagnant pour performer.

En témoignent son énergie et son agilité qui ont pu s’exprimer à plusieurs reprises au sein de compagnies de cirque qui lui ont permis de se développer. Que ce soit en fil mou, en acrobaties en trampoline ou au sol, Antino Pansa est aussi porteur en main à main et voltigeur à la planche coréenne.

Servir d’exemple

Le jeune homme dit avoir persévéré grâce au soutien de sa famille, mais aussi de toute sa communauté, de Guyane et d’ailleurs. «On ne m’a jamais lâché, que ce soit mes profs ou ma famille. On a investi et on a cru en moi, financièrement et mentalement. Je n’étais jamais seul et je ne me suis jamais senti seul, même si j’étais loin», confie-t-il.

«Mais, il fallait oser partir, quitter la Guyane sans trop savoir ce que j’allais faire ou trouver. Je savais que le fil mou était une pratique, mais j’étais loin d’imaginer que tout ceci m’arriverait.»

Le Guyanais ne réalise pas encore tout à fait tout le chemin parcouru. Il dit humblement que les choses sont allées vite depuis qu’il a eu son diplôme en 2001. Pourtant, comme tout jeune qui quitte son pays, il se fait comme un devoir de servir d’exemple aux plus jeunes.

«Je veux inspirer les jeunes, leur montrer que c’est possible de réaliser un rêve. J’ai parié gros sans trop savoir ce que j’allais récolter. Si on a quelque chose en tête, il faut foncer… même si les parents peuvent être inquiets parce qu’ils sont dans leur rôle… Il faut juste montrer que c’est possible.»

Photo Une: tirée de la page Facebook.

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