Entrevue avec la slameuse camerounaise Lydol

À peine, elle avait atterri à Montréal que déjà la Camerounaise Lydol montait sur la scène du Club Balatou pour présenter quelques-unes des pièces de son répertoire. Après ce moment de communion avec un public conquis, elle a bien voulu répondre à nos questions et nous a même confié un petit secret…avant son rendez vous des 9 et 10 février, au Musée McCord Stewart.

Bonjour Lydol. C’est ta première visite à Montréal. Bienvenue au Québec…

Merci, merci beaucoup. Je suis hyper contente d’être là. C’est un honneur pour moi de pouvoir voyager avec mes mots, aussi loin, et de savoir qu’ici, il y a des personnes qui m’ouvrent leur cœur, je me sens vraiment honorée et hyper contente d’être là.

S’il fallait te présenter ?

Je m’appelle Lydol. Je suis slameuse, chanteuse, comédienne et militante des droits des Femmes. Je suis amoureuse des lettres, de la poésie et de tout ce qui a trait à la littérature. Je me sers des mots et du slam comme thérapie, d’où mon premier album Slam thérapie.

Je suis modératrice d’atelier slam parce que je considère que le partage, c’est l’une des plus belles choses qui puisse avoir, parce que si on a un potentiel, si on a quelque chose et qu’on n’est pas capable de le donner aux autres, c’est un peu du gâchis.

Donc, je m’attelle à former de jeunes plumes sur la prise de parole en public, sur l’écriture poétique ou simplement sur l’expression libre des sentiments et des émotions.

Je suis une femme, je suis camerounaise (rire).

Comment trouvez-vous jusqu’ici votre accueil à Montréal ?

L’accueil est très chaleureux. Pour être honnête, je ne sais pas pourquoi, mais dans ma tête c’était la neige partout, le froid, etc. Sauf que quand je suis arrivée, même dès l’aéroport, avec l’équipe qui m’a accueilli, tout le monde était tellement vraiment chaleureux.

Tu pouvais lire dans les yeux que tout le monde était content que je sois là. Et cet amour-là, je le ressens et ça me réchauffe quand les températures sont un peu froides.

Et que dire d’autres sur Montréal ?

La ville est belle. Il y a du charme derrière la glace, derrière la neige. Je ne sais pas si je peux le dire, mais je ne sens pas que je suis loin de chez moi. Il y a une très belle connexion. Même avec les gens dans la rue, tu ne te sens pas dépaysée.

C’est juste le froid en fait qui te fait sentir que bon oui, il y a une différence entre le Cameroun et ici. Il y a une chaleur dans le regard des gens, dans les sourires. C’est juste extraordinaire, en fait. Et je suis vraiment contente d’être là.

On fait cette entrevue juste après ton spectacle au Club Balatou pour lancer le Mois de l’Histoire des Noirs à Montréal, et ce, quelques jours seulement après ton arrivée…

Pour organiser le spectacle, c’était un peu le pas de course parce qu’on est arrivés, il y a quelques jours à peine. Le band est constitué d’Haïtiens qui pour la plupart, n’ont jamais joué des rythmes camerounais. Et de s’adapter au bikutsi, à l’Ambass-Bey, aussi rapidement, c’était un challenge, mais je suis vraiment contente de ce qu’ils ont pu produire ce soir.

Je suis émerveillée de l’inspiration et de ce qu’ils ont eu à rajouter parce que le spectacle c’est aussi ça, ce sont toutes les improvisations.

Pendant le spectacle, on dirait que tout le monde vous connaissait. Qu’est-ce que ça vous fait de savoir que vous êtes aussi connu ici ?

Ça me remplit le cœur. En toute honnêteté, quand les gens ont commencé à chanter avec moi, je suis montée en émotion parce que je ne pouvais pas l’imaginer.

C’est une chose que de savoir que bon, on a la possibilité de voyager avec notre art, mais c’est une autre de savoir que là-bas, on nous attend; de savoir qu’il y a des personnes qui nous connaissent, qui suivent notre musique au quotidien, en fait. Et ça, ça n’a pas de prix.

Qu’est ce que vous avez ressenti  ?

Quand j’ai entendu les gens chanter tout à l’heure, j’étais émerveillée. Je n’arrête pas de dire merci parce que j’ai le cœur tellement plein que c’est vraiment ce merci qui a envie de sortir.

Merci de me suivre. Merci de me donner de la force. Des fois, on n’imagine pas jusqu’où notre art peut aller. Et de savoir que jusqu’ici, à Montréal, il y avait des gens qui n’étaient pas du tout Camerounais, mais qui me connaissaient d’une certaine façon, qui connaissaient ma musique.

Et ça, je crois que c’est une des plus belles récompenses en tant qu’artiste, de savoir que notre art, notre musique est capable de toucher les gens dans des environnements qu’on ne soupçonne même pas.

Quelle est la suite de votre séjour? On a entendu parler d’une résidence…

Nous sommes sur un projet de résidence avec le Festival Afropolitan Nomade. La résidence s’appelle immersion. Donc je suis slameuse camerounaise. Il a une autre slameuse qui vient du Congo (Mariusca La Slameuse) et il y a deux Autochtones, une Wendat (Sandrine Massé) et une autre de Gaspésie (Sarah Bergeron).

On travaille sur un spectacle inédit, c’est-à-dire que les textes et les musiques, nous sommes en train de les créer actuellement. Donc, on travaille tous les matins jusqu’à 16 h à l’Afromusée, sous la direction de Freddy Massamba.

On essayent de créer des choses uniques, extraordinaires. Le wendat, je suis déjà en train de l’apprendre grâce à Sandrine Masset et elle essaie de dire des mots en Douala.

Quand aura lieu ce Spectacle Festival Afropolitain Nomade?

Il sera présenté les 9 et 10 février au musée Mccord Stewart, ici à Montréal.

Est-ce qu’on pourra vous revoir à Montréal dans les prochains mois ?

Moi aussi j’aimerais beaucoup. Je reviens pendant l’été, donc je serais là au mois de mai pour le Festival Afropolitain nomade, mais vraiment la version festival et spectacle, pas juste la résidence de création. Et j’espère pouvoir revenir à d’autres occasions ici parce que je me sens bien ici. Vraiment, je me sens bien.

Avez-vous d’autres projets ?

Normalement, je dois l’annoncer dans deux ou trois jours, mais il y a un EP qui va sortir. Donc après l’album Slam la thérapie, il y a un EP qui va sortir, le 1er mars. Voilà, je ne dis pas plus.

Un dernier mot ?

Merci. Parce que comme je le disais, mon cœur en est plein. Merci pour l’amour que vous me donnez. Merci pour l’attention. Merci pour le soin. On a tendance à négliger ça, mais c’est ce côté humain, au-delà de l’art et de la musique, qui nous forge et qui dessine les plus beaux souvenirs.

Et ce soir, j’ai reçu ça. Sur la scène, et même en dehors de ces personnes-là qui venaient témoigner de « Ah moi je t’ai découvert comme ça », « Ah, j’écoutais ta musique quand j’étais dans telles situations, et ça m’a marqué ».

Aujourd’hui, de savoir que mes mots sont capables de toucher à ce point. C’est moi qui suis honorée.

Merci Montréal, merci pour tout.

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