Nouvel an chinois de Koffi Kwahulé

Publié chez Zulma, Nouvel an chinois de l’auteur ivoirien Koffi Kwahulé est un roman qui laissera le lecteur avec un goût particulier au moment de tourner la 240e et dernière page.

NouvelAnchinoisL’histoire se passe à Paris, précisément dans le quartier de Saint-Ambroise dans le 11e arrondissement. Un jeune homme, Ézéchiel, vit avec sa maman depuis la mort presque aussi subite qu’attendue de son père.

Sa sœur, Sora’shilé, partie on ne sait trop ou ni quand, tente de garder le contact par courriel. On lui devine beaucoup d’amour et de tendresse pour son petit frère.

Pour le reste, l’ambiance de ce livre ne change pas trop des précédents de Koffi Kwahulé. Il y a toujours du jazz, et l’histoire a toutes les allures d’une pièce de théâtre qu’il faut voir réveillé et pas trop fatigué.

Le héros ou son contraire est donc ce Ézéchiel qui a choisi de ne plus sortir de chez lui depuis le départ précipité de son géniteur. Ce dernier, Ivoirien d’origine, a mis au monde ce qui en Hexagone porte le qualificatif de branleur de service. Et dans son cas, les sens figuré et propre n’ont plus de frontière.

Toujours est-il que ce premier de classe devenu fainéant passe ses journées à écouter en boucle la chanson Back to Black de la Britannique Amy Winehouse. C’est après la rencontre d’une dentiste, Melsa Coën, énigmatique « jolie liane noire souriante », originaire des îles, qu’Ézéchiel (re)découvre les plaisirs de la vie et de la chair.

Dans le quartier chinois dans lequel vit la petite famille, il y a le voisin : Guillaume-Alexandre Demontfaucon, que la sœur a rebaptisé Nosferatu. Le lecteur ne saura vraiment jamais si l’ex-légionnaire, fils de boucher séduit la veuve de mère en pleine perte de repère.

koffi-washington-u00a9-dr-362La seule certitude que laisse l’auteur, c’est que ce funeste personnage a une haine viscérale des Chinois,  à une époque ou les langues se sont déliées dans le pays de Molière et, ou une certaine idée de la xénophobie est partagée, en tout cas largement acceptée par l’opinion publique.

Koffi Kwahulé ne rend pas les choses faciles pour les lecteurs. Il faut reconnaître que l’entrée en matière de cet ouvrage est  fastidieuse. Il n’est pas simple de se frayer un chemin dans l’univers du dramaturge. Pourtant, une fois que la présentation des protagonistes est faite, une fois qu’on a fait fi du style et des interludes dissimilés ici et là, apparaît alors la triste histoire d’une France qui est en quête profonde de son identité, mais aussi la quête tout aussi importante de Français, à la recherche d’un sens à leur vie.

Né en 1956 en Côte-d’Ivoire, Koffi Kwahulé est comédien, metteur en scène, dramaturge et romancier. Il a obtenu les Prix Ahmadou Kourouma et Grand Prix ivoirien des Lettres en 2006 pour son roman Babyface, publié aux éditions Gallimard. Il est l’auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre, traduites en plusieurs langues.

Pour l’ensemble de son oeuvre, il a reçu en mars 2015, le Prix Mokanda, créé en 2012 par Géopolitique Africaine.  2015. L’Ivoirien a notamment succédé à Ananda Devi (2012), Emmanuel Dongala (2013) et Gabriel Okoundji (2014).

 

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