Beni : sous la pression des chauffeurs, l’entretien de la route reprend

La route Beni-Butembo subit de nouveaux coups de pioche après la grève déclenchée récemment par des taximen. Les services publics auprès de qui ils payent régulièrement leurs impôts ont enfin débloqué les fonds à l’Office des routes qui exécute les travaux. Déjà près de la moitié du trajet est redevenu praticable.

Sur la colline du village Kabasha sur la route qui mène vers Butembo, à 20 km de Beni, une niveleuse, un compacteur et un bulldozer chargent et remblaient les nids de poules qui gênaient la circulation à ce niveau.

Non loin de là, un gros camion benne de la brigade urbaine de l’Office des routes fait des manœuvres pour charger et verser de latérite. « Nous venons de remblayer 25 km depuis le début des travaux (mi-avril) », assure Vivura Vura, un des conducteurs des tracteurs.

Exécutés par l’Office des routes sur financement du Fonds national d’entretien routier (FONER), ces travaux, à l’arrêt depuis plus d’une année, redémarrent après que les conducteurs de taxis aient déclenché une grève fin mars.

Les machines, les tracteurs, les gros camions immobilisés dans le campement de l’office « faute d’argent » reprennent à nouveau du service. La route Beni-Butembo (nationale N°4), longue de 54 km est l’unique voie d’accès des habitants de la contrée. C’est par là que transitent les passagers qui viennent des villages environnants ou d’autres villes de l’est de RDC.

Lassés par la lenteur prise dans l’exécution des travaux, les taximen qui versent quotidiennement des taxes au Foner, se sont soulevés pour chercher à savoir la destination que prennent leurs impôts. Face à leur protestation, l’administration locale a fini par réagir. Bwanakama Masumboko, le maire de Beni a réuni les grévistes, les délégués de l’Office des routes et du Foner… Et les travaux ont miraculeusement repris, à la satisfaction des usagers qui empruntent ce tronçon.

Trop de casse et trop de temps

Avant cette réhabilitation, les voitures mettaient trois heures au lieu d’une pour relier les deux villes. Certains conducteurs sont tombés malades, leurs engins, eux, amortis.

Lassés de débourser de l’argent dans les réparations de leurs véhicules et de mettre plus de temps pour voyager, ils ont bruyamment débrayé fin mars dans les rues de Beni.

« En un mois, j’ai remplacé deux fois le ressort de mon engin suite au mauvais état de la route alors que je paie légalement mes taxes. Les deux amortisseurs m’ont couté 144 000 Fc soit 160$ », s’exclame Fiston Pahika, conducteur d’une voiture taxi.

Pour le président de l’Association des chauffeurs du Congo à Beni, Kule Musayi, c’est grâce à leur mouvement que le service public chargé d’aménager les routes s’est exécuté et l’entretien devrait être permanent.

« Nous payons 3 $ au Foner et 0,5$ à la Commission nationale de prévention routière (Cnpr). En plus de cela, nous nous conformons à la réglementation en payant le permis de conduire à nos chauffeurs et en faisant le contrôle technique au service de transport et communication. Tout cet argent devrait en principe entretenir nos routes », regrette Etienne Kanzanula, un opérateur économique qui loue sa voiture aux particuliers.

Décentraliser la gestion

Chef d’antenne du Foner, Anselme Paluku reconnaît que la tâche n’est pas facile pour maintenir en état cet unique axe. L’argent recouvré étant directement versé dans les comptes de l’office, son affectation ne dépend plus de lui. Avant la création de Foner, des opérateurs économiques appelés « attributaires » percevaient la taxe péage et engageaient des cantonniers permanents pour entretenir les routes et leur état était toujours impeccable. Nostalgique, Mukeveri qui s’occupait de l’axe Beni-Kasindi, préconise le retour au cantonnage manuel.

Par ailleurs, lors de la législature finissante, la route Beni-Butembo figurait parmi les voies à être asphaltées dans le programme du gouvernement. Au niveau de la ville commerciale de Butembo, la société Sino Hydro a commencé les travaux de remblayage. Mais tout s’est arrêté.

Par Jacques Kikuni Kokonyange, Raphael Kagheni

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