« Suites algériennes » de Jacques Ferrandez, chez Casterman

Après ses séries Carnets d’Orient et d’Algérie, l’auteur et scénariste Jacque Ferrandez reprend son bâton de pèlerin pour un nouveau voyage en Algérie. Avec Suites algériennes, le lecteur pourra voyager dans l’Algérie de l’après 1962.

Toujours publiée aux éditions Casterman, la première série de cette nouvelle saga commence et se termine à Alger, le 1er novembre 2019 alors que le pays est en proie à ses plus importantes manifestations contre le régime, le Hirak.

En fait, c’est le 37e vendredi consécutif de manifestation depuis février et la date du 1er novembre n’est pas…C’est aussi la date de commémoration du 1er novembre 1954, soit celle du début de l’insurrection qui va mener à l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Ce jour-là, donc, alors que la Place des Martyrs pullule de monde -, jeunes surtout, mais aussi moins jeunes, beaucoup d’hommes et aussi des femmes -, Octave doit aller voir pierre tombale de sa grand-mère, morte chez elle en Algérie.

« Ce troisième cycle de la série fleuve de Ferrandez sur l’Algérie, abordera les difficultés rencontrées depuis l’indépendance en 1962, de la victoire confisquée par le FLN aux années de plomb de la guerre civile et jusqu’à la révolte populaire de 2019. »

Jacques Ferrandez ramène donc son héros Octave Alban ainsi que plusieurs de ces personnages qui ont tous évidemment vieilli, laissant la place à la nouvelle génération comme Paul-Yanis Alban, fils du premier cité (et de Samia), mais aussi Nour, Hakim et bien d’autres personnes que le lecteur apprendra à découvrir.

Comme souvent avec l’auteur, les décors sont extraordinairement probables sinon vrais parce que bien documentés. Au tour d’une histoire d’amour que nous allons taire, Ferrandez va faire des allers-retours entre les années 1960 et 2019 et surtout faire valoir les histoires différentes, mais non moins imaginaires de l’Algérie. Celles de ceux qui sont partis avant-hier ou hier et celles de ceux qui ne rêvent que de partir eux aussi demain ou après-demain.

Il y a aussi les femmes qui n’ont pas vraiment gagné leur combat que ce soit hier ou aujourd’hui et qui se battent pour que demain soit mieux sans forcément y croire.

Jacques Ferrandez – Crédit: Zazzo

Malgré les guerres, les nombreuses pertes et les terribles récits des uns et des autres, la population n’a pas l’impression de compter pour ceux qui gouvernent et pour une rare fois, les jeunes veulent du changement.

« Tout le monde veut aller en boîte et porter des baskets de marque, mais comme notre modèle économique ne le permet pas, certains se tournent dans la religion, la haine du corps, la haine de soi », souligne d’ailleurs Nour l’un des plus formidables personnages de cette série.

Hélas, il faudra lire les prochains épisodes ou les nouvelles réelles de ce front pour en savoir un peu plus. Sachez dans tous les cas qu’au moment de refermer la page, c’est un autre président, Mohamed Boudiaf pour ne pas le citer, qui meurt, en 1992.

Né à Alger en 1955, Jacques Ferrandez documente depuis trente ans les cicatrices de l’Algérie, ou sa famille a vécu jusqu’au moment de partir .

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
Veuillez entrer votre nom ici