Entrevue avec le policier de Montréal Alain Diallo

Dans le cadre d’une série, Touki Montréal s’entretient avec des membres de la police de Montréal. C’est le cas d’Alain Diallo, policier depuis 18 ans et qui oeuvre maintenant au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Il encourage les jeunes racisés à croire en leur capacité.

S’il fallait vous présenter en une phrase ?

Je suis café latte au grain qui vient de Guinée et au lait provenant d’Allemagne, heureux père de trois « dulce de lecche » et dans ma 18e année de police.

Pourquoi avoir choisi la police ?

Devenir policier était mon rêve d’enfant. Vers l’âge de 6 ans, mes parents me permettaient de regarder, avec mes frères et sœur aînés, des séries TV américaines.

De Kojak, à CHIPS ou encore Starsky et Hutch, je grandissais avec l’idée que les héros gagnent toujours à la fin, que les crimes sont toujours résolus et que tous les bandits vont en prison pour y rester.

Naïf? Je l’étais plus que jamais. Grandissant en Belgique avec son lot de difficulté, ma perception de la police avait changé et j’entamais des études de droit à l’université. 

Après deux ans d’études universitaires en Belgique, je décide de quitter le vieux continent pour compléter un baccalauréat aux États-Unis. J’apprends mon anglais, notamment en regardant COPS. Ce rêve devenait de plus en plus éloigné de moi vu que j’avais un visa étudiant.

Après l’obtention de mon Baccalauréat, j’émigre et m’installe à Montréal. Confondant la rue Sherbrooke ouest et la ville de Sherbrooke je me perds sur l’autoroute 10 et rebrousse chemin vers Montréal et me perds dans l’est de la ville. C’est un policier de Montréal qui me remet dans le droit chemin (au sens propre). 

Son air amical et serviable ressuscite mon intérêt à la fonction. Je me renseigne aussitôt et constate avec déception qu’il fallait être citoyen pour postuler dans la police au Québec. Je prends mon mal en patience et profite d’une occasion unique pour expérimenter cette carrière dans le Grand Nord du Québec, avec la police régionale de Kativik. Mon séjour de un an à cet endroit n’a fait que confirmer que c’est ce que je voulais faire dans la vie.

Je deviens citoyen en 2004 et postule aussitôt au SPVM sous le programme conventionnel et c’est en juillet 2006 que je joins la grande famille du SPVM.

Quel est votre message aux jeunes racisés du Québec?

Croyez en vos capacités de réaliser tous les objectifs que vous souhaitez atteindre. Même si la vie est parsemée d’embûches, vous vous devez de persévérer, en faisant fi des stéréotypes et des préjugés. Vous êtes la différence, vous faites la différence et vous ferez la différence!

Votre film ou série « coup de cœur » de l’année?

La série Le Monde de demain sur Netflix. Et le film Les Nageuses.

Quelles sont vos idoles de jeunesse ?

Mes parents étant un couple mixte en Europe dans les années 70, ils ont dû faire face à la musique du racisme et de la discrimination. Ils sont restés ensemble jusqu’à la fin de leur vie. Je pense qu’ils doivent être encore ensemble d’ailleurs, quelque part dans les nuages, qui sait. 

Sinon en rafale: Thomas Sankara, Nelson Mandela, Bob Marley, Muhamad Ali, Mike Tyson, le groupe IAM, Suprême NTM bien-sûr, Jean-Paul Belmondo pour ne nommer qu’eux.

Que faites-vous pendant les vacances ?

 Je voyage à la plage, peu importe laquelle, ou au minimum ce sont des balades de moto.  

Quel est le dernier livre lu ?

De zéro à millionnaire: investir en bourse sans souffrir de Nicolas Bérubé. Je vais aussi nommer deux livres qui m’ont marqué, et ce même si ça fait quelque temps que je les ai lus: La couleur de l’eau de James McBride (The Color of Water: A black Man’s Tribute to His White Mother) et Le livre vert de Mouammar Kadhafi.

Quelle est la chanson que vous écoutez souvent récemment?

 Ku Lo Sa de Oxlade. C’est une parmi tant d’autres, mais elle est splendide, selon moi.

Ce que vous repoussiez depuis trop longtemps ?

Prendre des cours de guitares et des cours de chant.

Votre moment “coup de cœur” pendant  le(s) confinement(s) ?

Éviter les heures de pointe pour me rendre au travail. J’habite loin de Montréal et chaque minute compte.

Ce qui vous manque le plus de l’avant-pandémie ?

Certains commerces et restaurants qui ont été contraints de fermer leurs portes.

Questions en rafale:

  • Thé ou café ? Café
  • Facebook ou Instagram ? Facebook
  • Alexa ou Ok Google ? Google
  • Prince ou Michael Jackson? MJ all the way
  • Tupac ou Notorious B.I.G. ? Tupac
  • CD ou 33 tours? Numérique (il faut vivre avec son temps)

Un dernier mot ?

Ce dernier mot s’adresse à nos jeunes. Comme disaient nos ancêtres sous l’arbre à palabre, je voudrais à mon tour transmettre ce proverbe aux jeunes : « Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens ».

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