En compétition au Festival PanAfrica, le documentaire Comme un homme sur terre donne la parole à un groupe de réfugiés éthiopiens qui relatent leur périple jusqu’en Italie. Un récit douloureux sur fond de dénonciation du business de l’immigration.
Dagmawi a quitté son pays d’origine, l’Éthiopie en 2005 à cause de la politique « ethnique » menée par le gouvernement éthiopien. Traversant le Soudan, puis la Libye, le réfugié raconte son épopée dans le désert. Une histoire qu’il rapporte en croisant le témoignage d’un groupe de réfugiés, qui ont connu les mêmes épreuves et qui deviennent aussi protagonistes du film. « Dagmawi est aussi auteur de l’histoire, c’est lui qui interviewe les autres réfugiés, ce récit c’est l’histoire de sa vie et de ces exilés », souligne Andrea Segre, un des réalisateurs du film.
Chargés et entassés, telles des marchandises sur un 4/4, ces réfugiés racontent tout à tour cette longue route à travers le désert, en proie à la violence des passeurs. Les femmes deviennent l’instrument des désirs des trafiquants et les hommes, du bétail, que l’on menace avec un sabre. Un calvaire qui ne fait pourtant que commencer. Abandonnés dans le désert puis repris et arrêtés, ces derniers finissent par échouer dans une prison libyenne avant d’être transférés dans un centre de rétention.
À travers ce documentaire, c’est un des visages du business de l’immigration qui est présenté. Un business mené d’une main de fer par la police libyenne. Mais la responsabilité de l’Italie et de l’Europe sont ici aussi clairement mise en lumière. L’inefficacité et la bureaucratie de l’Union européenne sont dénoncées lors de l’interview d’un représentant de l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’Union, qui ne se souvient plus des « détails » de la mission européenne menée dans cette région.
Ce documentaire se veut malgré tout davantage informatif qu’engagé. Les réfugiés ont accepté de témoigner surtout « pour ceux qui sont encore emprisonnés en Libye ». Le pays de Kadhafi n’a toujours pas signé la convention de Genève sur le statut de réfugié.
La situation n’est pas prête de s’améliorer avec la signature en février 2009 d’un accord de coopération sur l’immigration entre l’Italie et la Libye. « Un accord qui dans l’opinion publique italienne a permis de diminuer l’immigration clandestine et qui est donc perçu comme positif. La peur de l’invasion est constamment nourrie à la télévision italienne par ces images incessantes de Lampedusa pris d’assaut par les immigrants. Il est très difficile en Italie de construire une information conforme à la réalité et de changer cette vision », explique Andrea Segre, qui prépare un autre documentaire sur le travail des immigrés en Italie.
Le documentaire sera diffusé le jeudi 22 avril au cinéma Beaubien à 20h45.
[…] Lire l’article paru le 21 avril 2010 sur le site consacré à l’actualité culturelle africaine à Montréal: Touki Montréal. […]