Sept ans après la parution de son premier album, Fatoumata Diawara est venue présenter l’excellent Fenfo, son plus récent album, aux sonorités afro-folks et pop dans un théâtre National rempli du parterre au Balcon, un mardi soir!
C’est hors champ que la voix puissante et remplie d’émotions de Fatoumata Diawara a raisonné avec une intro prometteuse. À cet instant, on pouvait déjà mesurer le talent de l’artiste et les attentes du public.
L’artiste est arrivée sous une pluie d’applaudissements. Elle était attendue et a comblé tous les désirs, au plus grand plaisir des nombreux admirateurs qui avaient fait la file pour la voir, ce soir-là, au National.
Fatoumata a plus d’une corde à son arc: un timbre de voix rare (on y reviendra); elle est actrice, auteure-compositrice-guitariste-danseuse et a co-produit son opus Fenfo avec Matthieu Chédid.
Révélé au grand public en 2018 lorsque son titre Nterini s’est retrouvé dans la playlist de Barack Obama, le nom de Fatoumata Diawara ss’est aussi retrouvé (8e position) sur la liste 2018 des 65 meilleures chansons du New York Times. L’album Fenfo a aussi été en nomination au prix Grammy et aux Victoires de la musique en France.
À Montréal, elle a entamé sa performance accompagnée de quatre musiciens qu’elle a présentés dès le début. Ils ont livré un spectacle solide, généreux, envoûtant et rempli d’espoir.
La chanteuse a plaidé pour une image plus positive de l’Afrique avant d’entonner Kokoro.
Elle a fait voyager le public dans son Mali, celui où les femmes sont fortes, émancipées et sortent des sentiers battus.
Fatoumata a tout pour elle: une allure de princesse, une beauté incommensurable, une aisance de danseuse sur scène, un discours humaniste et une voix atypique (Nous y sommes), la voix magnifique d’une femme qui a souffert. C’est d’ailleurs son plus grand atout. Une voix remplie d’émotions, mature, nuancée, mais affirmative et qui résonne comme une petite armée de femmes. Une voix composée d’une chanteuse de l’empire de Wassoulou, d’une soprano avec ses envolées de voix, d’une artiste pop au timbre rauque, d’une amatrice de Rythm & Blues dans les notes basses et d’une guitariste avec ses riffs de guitare rock. Tout ça dans une même chanson! Une armée de femmes dans la voix qui auront le pouvoir de non seulement vous faire déposer les armes, mais de rejoindre le mouvement. Celui des femmes maliennes qui vivent entre la tradition et la modernité.
Diawara joue ses solos de guitare avec une aura de rockstar, sourire aux lèvres et un plaisir évident qui s’en dégage.
Avec sa tenue faite de Bazin blanc et de pagne africain ainsi qu’un foulard jaune sur la tête, guitare électrique en bandoulière, Fatoumata Diawara a l’air d’une rebelle. L’image est d’ailleurs un peu surréaliste! C’est une chanteuse traditionnelle malienne à la guitare électrique!
Avant Negue Negue, elle a rendu hommage à Fela Kuti le père de l’Afro-Beat. «C’est à nous de continuer le chemin, et d’introduire l’héritage africain», a-t-elle confié.
Née en Côte d’Ivoire de parents maliens, Fatou n’a pas grandi avec ses parents biologiques. À l’âge de 11 ans, devant son refus d’aller à l’école, elle est envoyée au Mali chez une tante pour y vivre. Dans son album, elle a d’ailleurs dédié l’entraînante chanson Sowa aux enfants qui n’ont pas grandi avec leurs parents biologiques.
Si le continent africain produit de nombreux artistes au gré de single, de mode ou saveur du moment, rares sont celles comme Fatoumata Diawara qui ont le calibre des Angélique Kidjo, Oumou Sangaré, deux des femmes à qui elle a rendu vibrant hommage, durant la soirée.
Au final, s’il y a une chose à retenir de ce spectacle, c’est que l’univers musical de Fatoumata Diawara est un voyage qui se doit d’être fait!
Notre Galerie photo:
Pour son grand retour à Montréal, la chanteuse Fatoumata Diawara s’est fait plaisir lors d’une soirée magique sur la scène du National de Montréal. Retour en images.
Photos: John Nais, Touki Montréal.