1958, le nouvel album du Blick Bassy

Avec son nouvel album, 1958, le Camerounais Blick Bassy rend un hommage bien senti à Ruben Um Nyobè, homme politique camerounais et leader de l’indépendance, assassiné en 1958 par les autorités françaises.

Après le succès de son précédent opus, Akö (sorti en 2015), Blick Bassy ne s’est pas arrêté en si beau chemin. Pour son quatrième opus, il propose un beau projet artistique, tout en douceur, mais un peu en déphasage avec le propos, dont il est question, à savoir l’injustice et la cause d’un résistant.

L’album est composé de 11 chansons, dont la cinquième, Mpodol, qui porte le surnom de Um Nyobè, à l’époque secrétaire général du parti indépendantiste l’Union des populations du Cameroun (UPC).

Mpodol signifie en bassa celui qui porte la parole des siens. C’est dans cette langue, la sienne, que Blick Bassy restauré à sa façon la mémoire de l’ex-leader de l’UPC, abattu par l’armée française le 13 septembre 1958 dans la forêt où il s’était réfugié.

«Chanter dans une autre langue que la mienne aurait déformé ma pensée», confie d’ailleurs avec justesse Blick, natif de Yaoundé, la capitale du Cameroun.

1958 s’ouvre avec  Ngwa (l’ami), un titre dans lequel l’artiste témoigne de toute l’affection (un peu comme l’avait fait, à sa facon l’écrivain Max Lobé dans son roman Confidences).

Forcément, nul besoin de comprendre la langue de l’artiste pour partager ni la souffrance ni la profondeur des arrangements du titre comme de l’album.

«1958 c’est le titre de cet album où est convoquée la présence de ce grand résistant qui a tant œuvré pour la construction de son pays, le rayonnement de son histoire, de sa culture, mais dont l’image demeure toujours brouillée au sein de la jeunesse camerounaise.»

Musicalement, c’est un chef d’oeuvre qui mêle plusieurs sonorités et style du classique assiko en passant par le folk, le blues et le soul.

La poésie mélancolique de Blick est porteuse d’un message universel de réhabilitation du passé pour envisager avec plus d’espoir le futur des peuples camerounais et africains, en général.

«Dans une louable intention de réhabilitation, Blick (…)se glisse dans sa peau (Lipém), raconte un épisode de son combat (Maqui). Exige des responsables qui depuis l’indépendance ont eu à gérer son héritage, et s’en sont rarement montrés dignes, qu’ils rendent des comptes (Mdopol).»

L’album de Blick Vassy a été enregistré au Studio Ferber à Paris. Il est accompagné par le violoncelliste Clément Petit, le tromboniste Johan Blanc, le trompettiste et claviériste Alexis Anerilles, avec la contribution du producteur Renaud Letang (Philippe Katherine, Chilly Gonzales, Feist etc…).

L’album est aussi accompagné d’un livre, 1958, dans lequel l’artiste s’est confié au journaliste Andy Morgan.

Outre ses contributions en musique, on lui doit l’ouvrage Le Moabi cinéma, paru chez Gallimard.

Pour en savoir plus:

Les titres de l’album 1958

01 Ngwa

02 Nguiyi

03 Kundé

04 Woñi

05 Mpodol

06 Lipém

07 Sango Ngando

08 Maqui

09 Pochë

10 Bès na wé

11 Where we go

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