«Forte» de Salim Saab : Une ode à la femme orientale

Projeté dans le cadre de la 20e édition du Festival du Monde arabe de Montréal, Forte rend hommage aux femmes artistes du monde arabe. Près de 30 minutes où Salim Saab, journaliste franco-libanais spécialisé dans le Hip-Hop, nous fait découvrir huit créatrices en graffiti, danse, MMA ou tatouage.

Dès les premiers plans de son documentaire, Salim Saab offre de la douceur. On découvre Krystelle Harb, libanaise et professionnelle d’Hula Hoop. C’est d’ailleurs elle qui, par ses mouvements, rythme les différentes entrevues auprès des différentes artistes rencontrées.

Après Beyrouth Street, qui rend hommage à sa ville natale, Beyrouth, et au Hip-Hop, Salim Saab se promène au Koweït, en Arabie Saoudite et retourne au Liban pour montrer des figures féminines artistiques.

Si ces pays sont souvent perçus en Occident comme ceux où la femme y est soumise et faible, le réalisateur propose une autre lecture de la société arabe: celle qui se soulève sans permission grâce aux œuvres de ces femmes qui arrachent la parole publique et prennent leur place dans des sociétés encore trop majoritairement patriarcales.

Avec ce documentaire, l’ancien rappeur souhaitait tordre le cou aux préjugés véhiculés sur la figure féminine arabe. Comme pour rappeler qu’il n’existe pas une seule définition de ce que peut être le féminisme, car après tout, on peut bien être femme, arabe, danseuse et pratiquer le MMA pour se défouler.

En entrevue sur TV5 Monde, Salim Saab insiste sur le fait que s’il existe de très nombreuses inégalités entre les hommes et les femmes dans plusieurs pays du Moyen-Orient, cela ne signifie pas pour autant que les femmes arabes sont faibles ou n’ont pas de caractère.

Le réalisateur nous amène à la rencontre de celles qui font ce monde arabe, celles qui y vivent au quotidien, celles qui y sont dignes malgré les embûches sociales et morales, celles qui restent fortes et indépendantes.

Sociétés différentes

À travers son voyage, le réalisateur livre un portrait hétérogène de cette région du monde, souvent décrite comme un tout. Même si certains us et coutumes sont similaires à travers les différents pays, les artistes présentés par Salim Saab se chargent de rappeler leur unicité et authenticité en fonction du pays où elles vivent.

Toutes ne vivent pas les mêmes réalités.

Marie-Joe Ayoub, artiste graffiti, vit au Liban.

Elle prend plaisir à dessiner sur les murs ses réflexions sur la féminité, sur la culture et les enjeux sociétaux typiquement libanais.

Sa particularité est de lier un héritage culturel avec ses interrogations les plus intimes. On découvre ainsi des dessins de femme nue protégeant avec un certain élan une maison à l’architecture ancestrale.

«La nudité, c’est l’innocence, explique-t-elle dans un arabe tantôt francisé, tantôt littéraire. Aux yeux de notre société, c’est comme si on devait en avoir honte. On dirait qu’il y a souvent un problème quand on parle du corps de la femme dans notre société : la beauté de son corps, même nu, fait peur. Quant à la maison, c’est un peu pour symboliser notre particularité féminine de vouloir ou devoir tout protéger. Et, la touche libanaise, ce sont les trois arcs. Mais ils deviennent rares, on préfère construire des gros immeubles.»

Le documentaire s’achève avec la vision de Nawel Ben Kraiem, chanteuse partagée entre la Tunisie et la France. Elle chante en arabe, s’exprime en français, bref, vit entre les deux sociétés.

L’une, explique-t-elle, reconnaît ouvertement qu’il existe des inégalités entre les hommes et les femmes et l’autre, le fait plus sournoisement, dans les salaires inégaux par exemple.

Car après tout, « le féminisme, ce n’est pas brandir les droits de la femme et nier ceux des hommes, c’est au contraire reconnaître que les deux ont des mêmes droits et que certaines inégalités n’ont juste pas lieu d’exister », conclut pour sa part, Marwa El Charif, tatouteuse libanaise.

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