The Touré-Raichel Collective au festival Jazz ‘N’ Klezmer

Pour l’ouverture de la 11e édition du festival Jazz ‘N’ Klezmer à Paris, Vieux Farka Touré et Idan Raichel, The Touré-Raichel Collective, étaient à l’affiche pour une soirée unique. On y était !

La musique n’a pas de frontières. Depuis des millénaires, les artistes ont traversé montagnes, océans et déserts, trimballant avec eux leurs instruments, leurs mélodies, leurs influences. Ainsi les rencontres se sont faites, les harmonies se sont transformées, et la musique, constamment réinventée.

Une chose est sure : Vieux Farka Touré et Idan Raichel l’ont tout à fait compris. Eux que tout aurait pu opposer ont récemment sorti The Tel Aviv Session, leur grand début, aussi impressionnant qu’inattendu. Et c’était ce soir l’occasion de voir comment ils allaient réinterpréter leur jam-session sur scène.

The Touré-Raichel Collective, c’est une histoire plus qu’atypique ; un pari osé voire dément. Une rencontre par hasard dans un aéroport allemand, une improvisation fortuite dans un studio israélien suivie quelque temps plus tard d’une tournée mondiale.

Qui aurait misé sur leurs chances ? Et pourtant, dès Vieux s’empare de sa guitare et ouvre sur Azawad, Idan étant de son coté occupé à pincer les cordes de son piano, on sent qu’on va assister à quelque chose de mémorable.

Ce qui frappe instantanément, c’est la grande part qui est faite à l’improvisation. Vieux et Idan se lancent des regards incessants, des petits clins d’œil, des sourires et leur performance suit leur inspiration de l’instant. Comme nous le souligne ensuite Idan : « Nous avons des bases de mélodies. Puis sur scène, on se lance dans un voyage. On essaie juste de saisir le moment. »

Avec deux personnalités comme celles-là, aux influences si étendues, on ne pouvait s’attendre qu’à un festival de genres. Et c’était le cas. Tout y est passé. Des sonorités nord maliennes aux teintes moyen orientales. Un peu de blues bercé à la calebasse. Des passages en freestyle, où Idan frotte les cordes de son piano tout en expérimentant des sons percussifs.

Quant à Vieux, on est plus familier avec son style mais cette collaboration apporte une touche jazzy inhabituelle à son jeu, au plus grand plaisir d’une salle pleine à craquer, et totalement acquise à la cause.

En guise de cerise sur le gâteau, ils nous font une reprise d’Ali Farka Touré, Diaraby, pour finalement terminer sur une chanson inédite, composée entre deux chambres d’hôtel, clôturant en douceur la performance du soir.

Alors que certains crient à la haine et au rejet de l’autre, voilà ce qu’un juif israélien et un musulman malien peuvent faire ensemble. Tout ne peut certainement pas se régler avec quelques accords de guitare mais de l’ouverture et un peu de bonne volonté ne peut nous faire que du bien, comme nous l’ont prouvé Vieux et Idan ce soir.

Nicolas Roux

Un extrait de leur concert :

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